La liste des noms de famille retenus s’est encore allongée grâce au dépouillement de pièces d’archives relatives au Clos-du-Doubs.
Pour en savoir plus, c’est par ici.
Armorial du Jura. Canton du Jura, Jura bernois, Bienne, Birseck, Laufonnais
La liste des noms de famille retenus s’est encore allongée grâce au dépouillement de pièces d’archives relatives au Clos-du-Doubs.
Pour en savoir plus, c’est par ici.
La semaine du 21 juin 2021, Le Quotidien Jurassien faisait la part belle au drapeau jurassien qui célèbre cette année le 70e anniversaire de son homologation par le canton de Berne. Au fil des cinq articles qui composent cette série « Une âme, un drapeau », vous pourrez découvrir les propos éclairants de Nicolas Vernot, l’auteur de l’Armorial du Jura.
À découvrir en intégralité sur le site du journal.
© Cet article est reproduit avec l’autorisation des Editions D+P SA, société éditrice du Quotidien Jurassien.
La liste des noms de familles retenus pour figurer dans l’Armorial du Jura. Canton du Jura, Jura bernois, Bienne, Birseck, Laufonnais a été mise à jour. Vous pouvez en prendre connaissance sur la page dédiée.
Les recherches progressent et Nicolas Vernot s’est rendu récemment aux Archives cantonales de Neuchâtel pour consulter l’armorial du justicier Huguenin. De quoi compléter la liste évoquée précédemment…
Nicolas Vernot, vous êtes un historien français, comment se fait-il que vous soyez à la tête d’un projet jurassien ?
Tout d’abord, je précise que je suis Comtois, ce qui me rend nettement moins exotique… M’intéressant aux armoiries depuis l’enfance, j’ai toujours été curieux de ce qui se faisait des deux côtés du Jura. Je suis d’ailleurs membre de la Société suisse d’héraldique depuis plus de 20 ans ! En 2013, j’ai été sollicité pour composer les armoiries de la commune nouvelle de La Baroche, en Ajoie. Je n’étais donc plus tout à fait un inconnu… Et pour la conduite de l’Armorial jurassien, il fallait un profil très particulier, avec des compétences pointues dans le domaine de l’héraldique, non seulement sur le plan scientifique, mais aussi graphique. Et puis, sans doute, un grain de folie…
Justement, se lancer dans un Armorial au XXIe siècle, n’est-ce pas un peu fou ?
À première vue, cela peut paraître complètement archaïque, mais il n’en est rien. Tout d’abord, la Suisse est le pays du monde où il y a la plus forte proportion d’armoiries familiales. On observe chez les gens un réel attachement pour l’héraldique, reflété par les demandes qui arrivent régulièrement aux archives cantonales ou au Musée jurassien à Delémont pour s’enquérir des armoiries de telle famille. En ce sens, l’Armorial du Jura correspond à une réelle attente de la population, qui va combler un manque d’autant plus criant que tous les autres cantons de Suisse romande sont dotés d’un tel recueil. C’est donc une démarche patrimoniale riche de sens pour de nombreuses familles, mais aussi pour les historiens et les amoureux du patrimoine, car ici, les armoiries sont partout et constituent les jalons précieux d’un passé riche et mouvementé.
Mais quand même, les armoiries, c’est un peu snob, non ?
Pas en Suisse, où justement, les armoiries ne reflètent pas des prétentions nobiliaires, mais plutôt un attachement à la famille, aux racines, aux traditions. C’est un élément fort de l’histoire et de la mémoire familiale, comme en témoignent ces cadres ou assiettes peintes offerts pour les grandes occasions. Et puis partout dans le monde, on observe un regain d’intérêt pour les armoiries, sans doute en réaction contre les excès de la mondialisation et du tout-numérique : face aux identifiants de connexion, aux codes-barres et QR et autres numéros d’immatriculation, l’héraldique offre un moyen de dire l’identité qui réintroduit le lien familial, le temps long, les valeurs, l’imaginaire, bref ce qui fait de nous non pas des numéros mais des êtres humains, corps et âme…
Vous voulez dire qu’il existe une dimension poétique dans l’art héraldique ?
Absolument. Tout d’abord, les armoiries se décrivent dans un langage particulier, qu’on appelle le blason, hérité du Moyen Age, et absolument magnifique. On y parle de lions d’azur et de dragons de sinople, de basilics d’or et d’aigles éployées… En lisant un blasonnement, vous pouvez reconstituer mentalement le dessin qui lui correspond, figures et couleurs. De plus, les armoiries conservent toujours une part de mystère : pourquoi un lion ici ? Une rose là ? La réponse n’est pas codifiée dans un tableau à deux colonnes ! Lorsqu’un individu compose des armoiries, il fait appel à sa propre culture symbolique pour exprimer son identité, ses valeurs, ou tout simplement ses goûts… voire son sens de l’humour, puisqu’il existe même des calembours héraldiques !
Lorsqu’un individu compose des armoiries, il fait appel à sa propre culture symbolique pour exprimer son identité, ses valeurs, ou tout simplement ses goûts… voire son sens de l’humour, puisqu’il existe même des calembours héraldiques!
Mais alors, comment fait-on pour retrouver le sens des armoiries, s’il n’y a pas un code établi ?
C’est justement mon métier d’historien sémiologue (NDLR : la sémiologie est la science qui étudie le rôle et le fonctionnement des signes). La fausse bonne idée, c’est de piocher dans un dictionnaire des symboles, qui va vous indiquer que tel animal avait telle valeur symbolique chez les Aztèques, les Romains, les Chinois… Certes, mais pour un artisan de Porrentruy ou Bienne ? Il faut essayer d’approcher la culture iconographique et symbolique des porteurs d’armoiries : quelles images ont-ils chez eux ? Quels sont les autres signes qu’ils emploient chez eux, au travail ? Que lisent-ils ? Que voient-ils dans la rue, à l’église, à l’atelier, qui pourrait les inspirer ? Quels sont leurs goûts, leurs croyances et leurs rêves ? En répondant à ces questions, on peut ainsi essayer de reconstituer la culture emblématique des porteurs de blasons, et proposer, avec prudence, des éléments d’interprétation.
Avec une telle approche, avez-vous repéré des spécificités propres au Jura ?
L’ancien évêché de Bâle, qui correspond au Jura historique, apparaît comme un seuil entre les mondes romand et germanique. Ce phénomène transparaît dans le cadre des armoiries qu’on appelle parlantes, c’est-à-dire dans lesquelles le nom du porteur inspire le contenu de l’écu par simple rapprochement phonétique. Par exemple, la famille Plumey a des ailes, Porrentruy un sanglier (porc sauvage). Or dans certains cas, le nom est romand mais a inspiré des armoiries… en allemand ! Par exemple, un certain Simon a placé six lunes dans son écu, parce que la version germanique de son nom, Sigmund, est proche à l’oreille de sechs Monde (« six lunes » en allemand). C’est le reflet de l’influence germanique à la cour de Porrentruy, où l’on parlait allemand. Parfois, c’est le latin ou même le patois qui est mis à contribution : ainsi, les Beuret ont un canard, boeré en patois. En ce sens, les armoiries mettent en lumière des aspects inattendus de la culture jurassienne !
Pour compléter cette interview, il est possible de se reporter à l’article publié par l’auteur dans la revue Archives héraldiques suisses.
Actuellement, le travail de recherche et de vérification des sources originales se poursuit. La Covid n’aura pas trop porté atteinte à l’avancement du projet : les séances de consultation des documents originaux en archives, en musées ou sur place, alternent avec des séances en télétravail, consacrées à la mise au propre des notices et à la réalisation des dessins.
Au final, l’Armorial du Jura traitera au moins 600 patronymes de l’ancien Évêché de Bâle, toutes origines confondues. Vous pouvez consulter la liste des noms retenus, régulièrement mise à jour au rythme des nouvelles notices ajoutées.
En attendant, il n’est pas possible de contacter l’auteur pour obtenir des informations sur des armoiries familiales particulières. Non seulement cela réclamerait un temps considérable pour répondre, mais de plus, chaque séance de recherche en archives apporte des informations nouvelles susceptibles de modifier ce qui avait été écrit jusqu’alors. Nous vous remercions de votre patience !
Les membres de la Société jurassienne d’émulation (SJE) ont reçu avec l’invitation à participer à l’assemblée générale le bulletin de souscription pour l’Armorial du Jura. Réalisé par Monokini, il présente une sélection d’armoiries de familles jurassiennes dessinées par le Dr. Nicolas Vernot, chercheur-rédacteur du projet. En filigrane est reproduit un bois gravé du XVIIIe siècle montrant la crosse, emblème des princes-évêques de Bâle. A l’intérieur du bulletin apparaissent les armoiries jurassiennes les plus complexes rencontrées à ce jour, celles de François Sigismond Joseph, comte Wicka 1.
L’alliance du dessin vectoriel et de la marque encrée souligne l’importance accordée par Nicolas Vernot et les éditeurs de l’Armorial à la fois aux sources qui sous-tendent la recherche et à la modernité d’un trait contemporain dans la restitution des armoiries. Le rouge omniprésent sur le bulletin rappelle la couleur caractéristique de la SJE.
Ce bulletin de souscription, s’il possède une certaine valeur programmatique, ne saurait augurer de la ligne graphique de l’ouvrage en cours d’écriture. La SJE remercie chaleureusement Monokini, en particulier Nathalie et Colin pour leur travail et la réalisation de ce bulletin.
Si vous souhaitez souscrire de façon ordinaire ou en tant que bienfaiteur·trice, vous pouvez remplir le formulaire en ligne.
Si vous souhaitez commander des bulletins de souscription pour les mettre à disposition de vos visiteurs·euses, vous pouvez nous contacter par courriel.
1 Liber vitae du chapitre de la cathédrale de Bâle manuscrit, XVIIIe siècle, f° 128 v°,
coll. Musée jurassien d’art et d’histoire, Delémont. photo : Codices Electronici AG, www.e-codices.ch.
La situation sanitaire qui a mené à la fermeture des frontières, mais aussi des salles de lectures des archives a nécessité que les différents acteurs qui œuvrent à la publication de l’Armorial du Jura adaptent leurs attentes. Cependant, grâce à l’investissement de chacune et chacun, les échéances ont presque toutes pu être tenues, comme en témoigne le président de la SJE, Martin Choffat, au micro de RFJ le 27 décembre 2020.
La Société jurassienne d’émulation tenait le samedi 10 octobre 2020 sa 155e assemblée générale à Porrentruy, l’occasion pour RFJ de se pencher sur le projet d’Armorial du Jura.
Retrouvez ici une première interview de Nicolas Vernot dans le journal de 12h15 (5 min. 05 sec.) et ici une seconde dans le journal de 18h (2min. 33sec.)
Vous pouvez également lire l’article sur le site de RJB.
Le texte ci-dessous est tiré de la page Facebook de Nicolas Vernot, docteur en histoire et chargé du projet d’Armorial du Jura par la Société jurassienne d’émulation.
Poursuivant mes réflexions sur la place de l’héraldique dans la construction des identités individuelles et collectives, j’ai le plaisir de vous informer de la parution d’un petit essai au sujet des armoiries telles qu’elles furent et sont perçues au Jura suisse (et ailleurs…) : « À quoi bon un armorial (du Jura) ? Menues réflexions sur l’héraldique, le grand public et les sciences humaines », paru dans la belle revue Archives héraldiques suisses.
Avec toujours le même objectif : renouveler le regard que l’on porte sur un mode de communication visuelle d’une richesse insoupçonnée…
C’est ici : https://www.academia.edu/43188301/À_quoi_bon_un_armorial_du_Jura_Menues_réflexions_sur_l_héraldique_le_grand_public_et_les_sciences_humaines
Avec en prime une page d’un armorial de l’abbé Daucourt… L’héraldique comme art populaire, c’est un peu imprévu, non ? Et pourtant…